Adoption responsable : les pièges à éviter pour accueillir un chat ou un chien

7 juillet 2025

Comprendre l'adoption : bien plus qu'un coup de cœur

Chaque année, en France, plus de 100 000 animaux de compagnie sont abandonnés selon la SPA (la-spa.fr). Beaucoup de ces histoires débutent pourtant avec de belles intentions. L’adoption est souvent vue comme un acte d’amour, mais elle exige aussi prévoyance et lucidité. À Nice et dans sa région, la surpopulation de chats errants et le nombre de chiens récupérés par les associations locales en témoignent : adopter ne doit jamais être un acte impulsif.

Certains comportements, pourtant bien intentionnés, peuvent avoir de lourdes conséquences pour l’animal comme pour sa famille d’accueil. Cet article vous propose d’anticiper les erreurs classiques lors de l’adoption d’un chat ou d’un chien, en s’appuyant sur des situations vécues ici, sur la Côte d’Azur.

Erreur n°1 : Sous-estimer l'engagement dans la durée

Chien ou chat, l’adoption engage pour 10 à 20 ans de vie commune. Beaucoup de familles négligent cette réalité, pensant « essayer » ou « voir comment ça se passe ». Or, trop d’animaux sont replacés car leur propriétaire n'avait pas envisagé :

  • Les vacances : partir en voyage ou rejoindre la famille à l'étranger nécessite de s'organiser à l’avance (30 Millions d’Amis rappelle que moins de 10 % des hôtels français acceptent les animaux).
  • Le déménagement : tous les logements ne sont pas adaptés, certains baux l’interdisent, le changement perturbe les animaux.
  • L’évolution de la famille : naissances, séparations, ou changements d’emploi rythment nos vies, mais un animal dépend entièrement de notre stabilité.

À Nice Ouest, selon les observations de plusieurs refuges, un quart des abandons de chiens de plus de 7 ans font suite à un déménagement ou un changement familial. Réfléchir à long terme reste un préalable incontournable.

Erreur n°2 : Choisir l'animal « idéal » sans tenir compte de son mode de vie

Le caractère, les besoins physiques, l'énergie ou les fragilités de santé d'un animal sont essentiels. Pourtant, la tentation est grande de choisir selon l’apparence, la race à la mode ou le passé « touchant » d’un animal.

Adapter l’adoption à son environnement

  • Chien de travail ou animal calme ? De nombreux chiens « de race » comme le border collie ou le husky, récupérés à la SPA de Cannes-Grasse, manifestent des troubles du comportement en appartement (aboiements, destructions) car ils manquent d’activité et d’exercice.
  • Prendre en compte l’âge : un chiot ou un chaton a besoin de socialisation, de présence et d’éducation. Une adoption trop précipitée expose à des abandons lors de la puberté de l’animal.
  • Compatibilité avec les autres membres du foyer : allergies, peur des chiens ou présence de jeunes enfants sont parfois négligés. D’après Vétoquinol, près de 30 % des retours d’adoption de chats sont liés à des incompatibilités avec les enfants ou d’autres animaux (vetoquinol.fr).

Se renseigner, prendre le temps d’échanger avec les associations sur le tempérament de chaque animal, organise une rencontre test : voici des étapes simples mais souvent oubliées.

Erreur n°3 : Négliger la préparation du foyer

L’arrivée d’un chat ou d’un chien nécessite des aménagements. Un accueil improvisé stresse l’animal et complique sa période d’adaptation.

  • Espaces sécurisés : fenêtres équipées pour les chats, barrières pour les chiots, sécurisation des balcons (très importante dans la région niçoise où de nombreux appartements disposent de terrasses).
  • Matériel de base : couchage adapté, gamelles, litière, jouets, griffoirs pour les chats (important pour protéger vos meubles et répondre à un besoin naturel).
  • Identification et carnet de santé à jour : légale et indispensable pour retrouver un animal perdu. Malgré cela, sur la Côte d’Azur, près de 45 % des chiens trouvés par la police municipale ne sont pas identifiés (source : Ville de Nice, bilan 2023).
  • Budget vétérinaire initial : primo-vaccination, vermifuge, stérilisation, puce électronique. Ces premiers frais s’élèvent en moyenne à 250€ pour un chat, 350€ pour un chien (source : Fondation Brigitte Bardot).

La préparation rassure l'animal et limite le risque de problèmes d'intégration ou de fugue.

Erreur n°4 : Sous-estimer les besoins éducatifs et comportementaux

L’éducation est primordiale pour la cohabitation harmonieuse et le bien-être de l’animal. Laisser « faire » en pensant que tout ira bien naturellement mène souvent à des difficultés, parfois des abandons.

Pour les chiens

  • La socialisation avant trois mois influence le comportement futur. Or, dans les Alpes-Maritimes, près de 35 % des chiens arrivés au refuge entre 3 et 8 mois posent des problèmes d’adaptation.
  • Les races actives (malinois, berger australien, etc.) demandent des sorties longues, des activités mentales (obéissance, agility, jeux de pistage), surtout en milieu urbain.
  • La patience face à l’apprentissage de la propreté ou la solitude : aucun chiot n’apprend en une semaine !

Pour les chats

  • Faciliter l’adaptation d’un chat adulte, souvent moins tolérant au changement : limiter l’accès aux pièces, prévoir des cachettes en hauteur, respecter ses temps d’observation.
  • Ne pas punir un chat pour des griffades ou des marquages d’urine : cela masque un stress ou un besoin non comblé (source : Felinpossible.fr).

Repérer les signaux d’anxiété, consulter un vétérinaire ou un comportementaliste en cas de problème, sont des réflexes à adopter dès les premiers jours.

Erreur n°5 : Négliger le budget sur le long terme

La première année d’un animal de compagnie coûte en moyenne 800 € pour un chat, et jusqu’à 1550 € pour un chien (FACCO, 2022). Les dépenses comprennent :

  • Alimentation de qualité (particulièrement pour chiens ou chats stérilisés ou à besoins spécifiques)
  • Soins vétérinaires préventifs
  • Frais de garde pendant les absences (pension, petsitter, voisins solidaires)
  • Frais imprévus (urgences, opérations, traitements chroniques)

De nombreux abandons à Nice surviennent suite à un accident ou à la détection d'une maladie coûteuse. Un animal âgé, par exemple, nécessite parfois plusieurs centaines d’euros de soins annuels non remboursés. Il est conseillé, dès l’adoption, d’établir une « réserve vétérinaire » sur un livret dédié ou de souscrire à une assurance santé animale adaptée (ce que moins d’1 propriétaire sur 5 fait en France selon l’Argus de l’Assurance).

Erreur n°6 : Penser qu’on “sauve un animal” sans envisager la suite

L’envie de “sauver” un animal, surtout face aux portraits émouvants postés sur Internet ou en refuge, ne doit pas occulter la réalité de l’après. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs dizaines de chiens réadoptés “en urgence” lors des opérations de sauvetage post-confinement ont été ramenés quelques mois après, faute d’anticipation.

  • Adopter, c’est aussi s’informer : demander un historique, poser des questions sur le passé, l’éducation, les peurs, les traitements médicaux pris, etc.
  • Dans le cas d’animaux ayant souffert de maltraitance ou d’abandon, accepter que la réparation prendra du temps, parfois avec l’aide d’un professionnel.

La gratitude de l’animal, souvent évoquée, se construit et ne doit pas masquer la patience et l’engagement nécessaires.

Erreur n°7 : Oublier l’accompagnement et le suivi après l’adoption

L’intégration de l’animal ne s’arrête pas à son arrivée à la maison. Les associations locales, les vétérinaires ou les groupes d’entraide offrent des conseils précieux pour chaque étape. Parmi les démarches négligées :

  1. Ne pas contacter l’association en cas de difficultés par peur de jugements. Or, les retours anticipés sont souvent évités par un simple échange d’expérience ou l’aide d’un éducateur partenaire.
  2. Oublier les bilans véto réguliers et les rappels de vaccination, qui protègent l’animal sur le long terme.
  3. Sous-estimer la force du réseau local (bénévoles, voisins, applications, groupes Facebook « animaux perdus/trouvés 06 », etc.) en cas de besoin.

À Nice et alentours, des plateformes comme Secourspet.fr ou des groupes d’entraide entre propriétaires permettent d’échanger, d’accéder à des conseils et parfois à de l’aide matérielle ou à un relais temporaire en cas d’urgence.

Pour une adoption réfléchie et une cohabitation réussie

Accueillir un chien ou un chat, c’est accepter de modifier son rythme de vie, de penser sur le long terme et d’adapter son environnement et ses habitudes. Les erreurs les plus fréquentes – choix précipité, manque d’informations, sous-estimation du budget ou de l’énergie à consacrer – sont évitables grâce à l’échange avec des professionnels, un questionnement sincère sur ses propres limites, et le lien avec la communauté locale.

N’oublions pas : chaque adoption réussie évite un abandon de plus, et contribue à renforcer le cercle vertueux de la bienveillance sur notre territoire. Avant de sauter le pas, osez poser toutes les questions, à vous-mêmes comme aux associations : c’est le meilleur service à rendre… au futur membre de votre famille.

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